Les forts : Champvillard, Montcorin
Le Système Séré de Rivières
La guerre de 1870-1871 avait révélé les faiblesses de la France en matière d'artillerie et de fortifications. Avec la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, le nouveau tracé de la frontière franco-allemande imposait de repenser tout notre système défensif. De plus, la Triplice (alliance réunissant l'Allemagne, l'Autriche et l'Italie) rendait nécessaire le renforcement de nos frontières du Sud-Est.
En 1874, le général Séré de Rivières publie son rapport sur «Le Système Défensif de la France» qui prévoit un ensemble de fortifications s'étendant de la Mer du Nord à la Méditerranée. Il se dépense sans compter pour la réalisation de ce projet et lorsqu'il quitte en 1880 ses fonctions de Directeur du Génie, son œuvre est poursuivie par son successeur. Au total 459 ouvrages seront construits, dont certains formeront des places fortes (Lille, Maubeuge, Reims, Verdun, Toul, Belfort, Besançon, Lyon et Grenoble).
Le général Séré de Rivières
A l'origine les pièces d'artillerie lourde devaient être placées en superstructure et protégées par des merlons (buttes de terre). L'invention de la mélinite en 1880 et de la poudre sans fumée en 1884 qui remplacent la poudre noire dans le chargement des obus et la constitution des charges propulsives, et la généralisation du chargement par la culasse, obligent à moderniser les forts : renforcement des structures et adoption de tourelles blindées mobiles.
Les forts de Douaumont, Vaux, La Malmaison, Souville (bataille de Verdun) et La Pompelle (bataille de Reims) joueront un rôle important pendant la Première Guerre Mondiale.
Par la suite, l'évolution des armements rendant insuffisante la protection qu'ils offrent, les forts « Séré de Rivières » seront peu à peu abandonnés en tant qu'installations militaires.
Les forts « Séré de Rivières » sont de grandes batteries deforme généralement quadrangulaire ou pentagonale. Construits en maçonnerie d'un mètre d'épaisseur, les bâtiments sont recouverts d'épais massifs de terre.
Un fossé à escarpe et contrescarpe maçonnées entoure le fort. Le mur d'escarpe (mur intérieur) plus élevé et percé de meurtrières protège le chemin de ronde. Un pont (mobile à l'origine) donne accès à l'ouvrage d'entrée.
Le bâtiment central (casernement) comprenait la zone vie de la garnison, les magasins à vivres et à matériels et les locaux techniques. Des galeries souterraines reliaient les différentes pièces et la zone vie aux installations satellites. Chaque fort possédait un puits.
La poudrerie, située à l'écart de la zone vie, était protégée et isolée par une double maçonnerie. La sécurité de la pièce centrale était particulièrement soignée : double mur formant sas, plancher surélevé, ventilation et éclairage extérieur.
Un ensemble de casemates abris couvrait la plus grande partie du fort. Recouvertes d'un massif de terre, elles servaient de plateforme aux positions de batteries. Les emplacements des canons étaient séparés et protégés par des monticules de terre (merlons). Une galerie souterraine reliait toutes les casemates.
Les caponnières, ouvrages de défense situés au niveau du fossé, permettaient de parer à toute intrusion dans celui-ci. Simples ou doubles selon leur emplacement, elles délivraient des tirs d'infanterie et d'artillerie prenant le fossé en enfilade. L'artillerie d'un fort était composée:
- de pièces d'artillerie lourde disposées au-dessus de l'ensemble des casemates et du casernement;
- de pièces d'artillerie de flanquement positionnées dans les caponnières;
- de pièces d'artillerie de campagne et de mortiers.
En temps de paix, seule une équipe de gardiennage et d'entretien était maintenue dans chaque fort. En temps de guerre, les effectifs se composaient des artilleurs nécessaires à la mise en œuvre des canons et d'une unité d'infanterie chargée de la protection immédiate du fort.
La place forte de Lyon
Retenue comme prioritaire en raison des relations tendues avec l'Italie, la place forte de Lyon faisait partie du système défensif initial.
14 forts (Mont Verdun, LePaillet, Chapoly, Bruissin, Côte Lorette, Montcorin, Champvillard, Feyzin, Corbas, St Priest, Bron, Genas, Meyzieu et Vancia) et 10 batteries seront construits entre 1875 et 1893.
L'invention de la mélinite en 1880 conduisit à renforcer la protection des ouvrages. Les forts de Meyzieu, Genas, St Priest, Chapoly et Corbas seront concernés mais seul ce dernier recevra une tourelle métallique pivotante. A partir de 1889 (loi FREYCINET), l'atténuation de la menace que constituait l'Italie rendant la frontière des Alpes moins sensible, les travaux d'amélioration des forts de la place forte de Lyon ne seront pas poursuivis et les forts seront désarmés.
Pendant la guerre 1914-1918, les forts lyonnais serviront de dépôts, de bases arrière ou de centres d'instruction. Par la suite, l'évolution des armements rendant insuffisante la protection qu'ils offrent, ils seront progressivement déclassés.
Le fort de Montcorin
Construit de 1879 à 1881 , le fort de Moncorin culmine à 275 mètres d'altitude. De forme pentagonale, il mesure 260 mètres de largeur et 170 mètres de profondeur.
Sa mission était de contrôler:
- les collines s'étendant au sud-ouest d' Irigny
- Brignais ainsi que les axes Brignais - Pierre Bénite et Brignais - Chaponost
et d'appuyer les forts de Champvillard et Côte Lorette.
Le pont, mobile à l'origine, permet d'accéder au pavillon d 'entrée regroupant le poste de garde et le commandement du fort. Face à ce pavillon se dresse la caserne, regroupant la zone vie, les magasins et le puits, situé dans l'aile droite. Les ouvertures pouvaient être obstruées par des planches de bois glissées dans des rails métalliques.
A l'arrière du bâtiment une galerie souterraine aujourd'hui obstruée reliait toutes les pièces.
Sur la gauche, accessible par une galerie voûtée, se trouve la poudrerie, recouverte d'un épais monticule de terre. Isolée par une double maçonnerie formant sas, la pièce centrale avait été particulièrement étudiée sur le plan de la sécurité : plancher surélevé, ventilation et éclairage extérieur orientable grâce à un jeu de miroirs.
Derrière la caserne se dresse un massif de terre recouvrant un ensemble de 11 casemates reliées entre elles par une galerie (aujourd'hui obstruée).
Au sommet du massif de terre, on peut voir les emplacements destinés aux canons, protégés par des merlons. Au centre et sur les ailes s'ouvrent les galeries souterraines qui conduisent aux 3 caponnières (1 double et 2 simples). A ce jour, seule la caponnière double est accessible. Bien conservée, elle illustre parfaitement le rôle de ces ouvrages dans la défense du fort.
La dotation prévue en artillerie du fort était de 25 canons, comprenant
- en armement principal:
- 15 pièces d'artillerie lourde (4 au dessus de la caserne et 11 au dessus des casemates)
- en armement de défense:
- 6 pièces d'artillerie de flanquement (2 par caponnière) pour la défense immédiate
- 4 pièces d'artillerie de campagne pour la défense rapprochée.
La garnison de temps de guerre du fort était de 260 hommes : 180 artilleurs (12 hommes par pièce d'artillerie principale) et 80 hommes chargés de la défense et de l'entretien.
Comme tous les forts de la place forte de Lyon, Montcorin est désarmé suite à la loi FREYCINET de 1889. Utilisé comme casernement pour les troupes de passage puis de base arrière pendant la Première Guerre Mondiale , il sert à partir de 1918 de lieu de stockage de munitions au profit de l'arsenal d 'Irigny .
Acquis en 1970 par la municipalité, il abrite les sièges de plusieurs associations.
Le fort de Champvillard
Construit de 1879 à 1881 , le fort de Champvillard culmine à 277 mètres d'altitude. En forme de trapèze isocèle, il mesure 230 mètres de largeur et 130 mètres de profondeur.
Sa mission était de contrôler:
- la zone Irigny - Millery
- Brignais
- la vallée du Rhône en aval d'Irigny
et d'appuyer le fort de Feyzin.
Le pont, mobile à l'origine, permet d'accéder au pavillon d'entrée regroupant le poste de garde et le commandement du fort. Face à ce pavillon se dresse la caserne, regroupant la zone vie, les magasins et le puits, situé dans l'aile droite. Les ouvertures pouvaient être obstruées par des planches de bois glissées dans des rails métalliques.
A l'arrière du bâtiment une galerie souterraine reliait toutes les pièces.
Sur la gauche, accessible par une galerie voûtée, se trouve la poudrerie, recouverte d'un épais monticule de terre. Isolée par une double maçonnerie formant sas, la pièce centrale avait été particulièrement étudiée sur le plan de la sécurité : plancher surélevé, ventilation et éclairage extérieur orientable grâce à un jeu de miroirs.
Derrière la caserne se dresse un massif de terre recouvrant un ensemble de 9 casemates reliées entre elles par une galerie. Au sommet du massif de terre, on peut voir les emplacements destinés aux canons, protégés par des merlons. Sur les ailes s'ouvrent les galeries souterraines qui conduisent à 2 caponnières (1 double à droite et 1 simple gauche). Une troisième caponnière (double) est située à gauche du pavillon d'entrée. Cette dernière est unique dans les ouvrages de la place forte de Lyon.
La dotation prévue en artillerie du fort était de 20 canons, comprenant
- en armement principal:
- 8 pièces d'artillerie lourde (4 au dessus de la caserne et 11 au dessus des casemates)
- en armement de défense:
- 6 pièces d'artillerie de flanquement (2 par caponnière) pour la dé fense immédiate
- 6 pièces d'artillerie de campagne pour la défense rapprochée.
La garnison de temps de guerre du fort était de 176 hommes: 96 artilleurs (12 hommes par pièce d'artillerie principale) et 80 hommes chargés de la défense et de l'entretien.
Comme tous les forts de la place forte de Lyon, Champvillard est désarmé suite à la loi FREYCINET de 1889. Utilisé comme casernement pour les troupes de passage puis de base arrière pendant la Première Guerre Mondiale, il sert à partir de 1918 de lieu de stockage de munitions au profit de l'arsenal d 'Irigny, puis un atelier d'entretien et de stockage de masques à gaz y est installé. Ces activités prendront fin en 1970.
Le fort de Champvillard est actuellement occupé par les services techniques de la commune tandis que des équipements culturels et sportifs ont été aménagés sur les terrains attenants.