La dernière demeure des Irignois

cimetiere Irigny

Cimetière de Taillepied

 

Usages anciens.

Dans la tradition de notre pays les morts sont enterrés autour de l'église. Enveloppés dans un simple suaire, le corps disparait assez rapidement dans la terre et après quelques années l'emplacement est de nouveau disponible pour une autre sépulture. Une croix de bois est plantée sur la fosse, elle disparait aussi vite que le corps. Il n'y a donc pas d'emplacement concédé.

La famille du seigneur est enterrée généralement dans le chœur de l'église, souvent les fondateurs de chapelle s'y font inhumer. Ceux qui désirent faire enterrer leurs morts à l'intérieur de l'église, sous le pavage, payent cette faveur d'un don à la Luminaire. De ce fait la Luminaire et le curé se trouvent gestionnaires du cimetière.

Plusieurs conciles depuis l'an 1000 et un certain nombre d'arrêts du parlement plus récents, avaient tenté de réglementer les usages, sans beaucoup de conséquences d'ailleurs, sauf pour Paris et quelques grandes villes où le problème réclamait absolument des solutions.

Les cimetières devaient être clos de murs pour éviter que les bêtes en maraude ne déterrent les corps. Il était interdit aux marchands d'y installer les étals du marché. Les cimetières étaient réservés aux chrétiens, on ne pouvait y enterrer ni les suppliciés, ni les suicidés, ni les excommuniés, ni les hérétiques.

Les anciens cimetières d'Irigny.

Lorsqu'en 1690, une église nouvelle est construite à Irigny on consacre une partie du terrain qui l'entoure au cimetière. Son seul accès se fait par la nef. Ce cimetière est utilisé pendant 150 ans.

Lorsqu'une famille désire maintenir de façon plus durable le souvenir d'un de ses membres, elle demande l'autorisation de poser sur la fosse une pierre ou une stèle. L'autorisation est donnée moyennant un don à la Luminaire. Ces cas sont rares. Les plus anciennes stèles transportées au cimetière de Taillepied datent de 1830.

Pour ceux qui demandent à être enterrés dans l'église un caveau est aménagé près de la grande porte. La plaque qui le ferme porte une inscription rappelant qu'il a été fait par César de l'Hopital, Luminier en 1693.

Le cimetière est fermé en 1846. Laissé à l'abandon de 1846 à 1875 environ, il devient décharge et taillis, le temps que les corps retournent à la terre. Le terrain est ensuite cédé à Barillot propriétaire d'une partie de l'ancien château des archevêques.

 

Ce cimetière avait remplacé celui du moyen-âge qui devait entourer l'église ancienne. Les Irignois pendant plus de cinq siècles y ont trouvé le repos et la paix.

 

Nous possédons trop peu d'éléments pour le situer aujourd'hui avec certitude, et il sera très difficile d'en retrouver les traces.

 

Une des dalles de l'ancienne église existe encore, celle de Hugues Broquin, seigneur de Chantemerle, mort au XVIIe siècle, elle doit sa conservation au fait qu'elle se présentait commodément pour couvrir un caniveau. Elle est maintenant dressée le long du mur du passage menant à la chapelle (ex. salle St. André). c'est notre plus ancien monument funéraire.

 

Louis Dunand indique aussi que François Pichon en 1688 demande à être enterré dans le cimetière d'Irigny, au "vas et tombeau de ses parents". Nous ne sommes pas bien fixés sur la signification de ce mot. Il désigne de toute façon un espace réservé. Les concessions à des familles seraient donc en usage à la fin du XVIIe siècle à Irigny.

 

 

 

Le cimetière de Taillepied.

 

Un décret impérial du 23 Prairial An XII (12 juin 184) codifie pour la première fois les usages en matière d'inhumation. Ce décret à subi quelques modifications de détail mais les mesures d'ensemble sont toujours en vigueur.

 

Les cimetières sont laïcisés. La gestion en incombe aux communes. Ils doivent être placés hors agglomération.

 

Les inhumations et les monuments funéraires sont interdits hors des cimetières et notamment dans les édifices publics religieux ou laïques.

 

Le décret règlement le régime des concessions. Celles-ci envisagées seulement "lorsque l'étendue des lieux le permettra", devraient être l'exception. Elles sont devenues la règle presque générale. Les concessions perpétuelles ne sont admises qu'en 1843. Les caveaux inconnus jusqu'au milieu du XIXe siècle se sont multipliés.

 

L'application de ce décret a été très lente, on voit même des communes où les cimetières sont restés dans le bourg jusqu'à nos jours.

 

A Irigny le déplacement et la prise en charge effective par la commune se fait en 1846. Le cimetière de Taillepied est béni par l'abbé Perrin le 1er août de cette année.

  

Il est organisé en damier de la façon la plus conventionnelle, deux allées principales se croisent à angle droit, délimitant quatre cantons, à leur carrefour une grande croix en pierre, chaque cantons est divisés par des allées secondaires.

Une visite de ce cimetière apporte une information sur l'évolution du goût de notre société à travers 150 ans. Depuis les stèles néo-gothiques de 1830 jusqu'aux monuments les plus récents, en marbre reconstitué orné de bronze d'aluminium, la tendance ne s'oriente pas vers la sobriété. Un examen attentif révèle selon les décennies l'évolution des modèles.

Le long de l'allée centrale s'alignent les monuments du début du siècle les plus ambitieux. Celui de Pierre Juppet, le premier à droite, à côté celui des fils Favre, tués à la guerre, celui du docteur François orné d'un buste du docteur, celui de la famille Baverey.

A signaler les stèles déplacées de l'ancien cimetière : celle de la famille Roux-Rionx traitée dans le style néo-gothique et celle de la famille Carron-Dhières aussi ancienne d'un style très classique.

Quelques unes attirent l'attention par leur particularité.

Celles des familles Mollet et Bouquet s'ornent d'une serpette et d'une pelle au pied d'une croix dont la pierre simule un tronc d'arbre, rappelant leur activité d'horticulteur.

Celle de Jean-François Pierron et de sa femme. Lui repose sous une colonne tronquée, sans symbole religieux, ses fonctions et ses titres sont tous énumérés. Sa femme repose à côté sous une stèle personnelle, très traditionnelle surmontée d'une belle croix.

 

Deux tombes dont l'entretien incombe à la municipalité :

Celle de la famille Petit située contre le mur d'enceinte à gauche en entrant. Restaurée par la Mairie, les travaux en ont un peu altéré l'esprit. Traitée dans le style néo-gothique des années 1830, la stèle doit avoir été déplacée de l'ancien cimetière. Dorothée Petrit l'avait réaménagée et embellie dans les années 1860 avec des jardinières et des vases en pierre. 

Celle d'Alexis Legrand presque à côté de la tombe des Petit. Il avait créé une fondation au profit de la commune en 1911 (tome 1 p.204). Sa tombe n'a pas été l'objet de la même sollicitude que celle de la baronne.

 

Le monument aux morts de la guerre de 1914-1918. Il a été inauguré le 13 novembre 1921 par Jacques Dunand maire de la commune, en présence de Mr. Kuentzé représentant le Préfet et de Mr. Isaac député du Rhône, ancien ministre et propriétaire à Irigny. Le curé de la paroisse, l'abbé Truchet et quelques autres personnalités y assistaient également.

La plupart de ces monuments aux morts de la guerre ont été élevés sur des places publiques, notre municipalité a choisi de le placer dans le cimetière dans l'intention exprimée par le Maire de rattacher la mémoire des morts à la guerre aux souvenirs de tous les anciens de la commune.

Monument aux morts irigny

Il est construit sur les dessins de Max Robert architecte et Irignois. Le gisant a été sculpté par Auguste Chorel. C'est un monument original bien adapté à son site et d'une belle qualité d'étude, la représentation d'un gisant est très rare. La dernière restauration avec apport de marbre noir y a introduit une brutalité étrangère à la conception de l'architecte, il a perdu sa sérénité.

Aux noms des 72 soldats morts pendant la "Grande Guerre" ont été rajoutés ceux de la guerre de 1939-1945 et les morts de la guerre d'Indochine. Cette liste impressionnante de jeunes sacrifiés incite à réfléchir au prix de la paix entre les peuples.

 

Le gardien et fossoyeur émarge au budget municipal.

En 1919 : Jean Marie Gaillard rempli cette fonction, il gagne 150 francs par an pour l'entretien des allées du cimetière, l'ouverture et la fermeture des portes, s'y ajoute une somme différente pour chaque défunt enterré "selon son âge".

En 1943 : le fossoyeur n'ayant pas été augmenté depuis 1937, voit son salaire annuel passer de 1.118 francs à 2.350 francs. L'indemnité pour inhumation double : adulte de 50 à 100F, enfant de 25 à 50F.

"si monsieur le maire estime à un moment quelconque l'entretien du cimetière exagérément négligé, il pourra le faire nettoyer aux frais du fossoyeur"

En 1969 : le gardien du cimetière à le monopole du creusement des tombes, il touche 50 F pour les inhumations et 200 F pour les exhumations.

 

La population de la commune augmentant de façon significative, il a paru nécessaire de développer les capacités d'accueil.

Un nouveau cimetière est ouvert en Presles en 1990. 

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Cimetière de Presles