Antoine de Goiffon

 

À Irigny, impossible de dissocier le nom de Goiffon de celui du Château de La Combe.

Trois générations de cette famille s'y sont succédé de 1920 à 2010, presque un siècle. De même que l'on ne peut évoquer la vie d'Antoine de Goiffon sans revenir sur l'histoire de sa famille, ou, tout au moins sur ce que nous en savons. Il s'agit d'une vieille famille noble du Cerdon en Bugey dans l’Ain qui a donné d’illustres personnages :

Goiffon1

  • Noble Jean-Baptiste Goiffon, médecin du Roy, fait ses études à la faculté de Montpellier nommé échevin de la ville de Lyon en 1716 et 1717. Ami du cardinal-archevêque de Lyon François Paul de Neuville de Villeroy, lieutenant général pour son frère, le gouverneur duc de Villeroy, qui lui donne la seigneurie de Bramafan, à Sainte-Foy-Lès-Lyon.
  • Joseph Goiffon, aumônier du duc du Maine (fils de Louis XIV et de Madame de Montespan) astronome, académicien à l’académie des sciences, belles lettres et arts de Lyon (1748). Il est l’auteur de « Harmonie des deux sphères » ou la correspondance des Étoiles aux parties de la Terre. Il fut renvoyé de l’académie de Lyon comme soutien et ami de d’Alembert 
  • Antoine de Goiffon naît en 1876 à Villeurbanne. En 1837, son père, Jules, a créé une tannerie installée dans l’ancienne caserne du 1er empire à Villeurbanne. On y fabrique des veaux blancs et cirés de renommée mondiale. En 1901, l'usine Simon Ullmo (tannage du cuir à semelles) établie à Oullins, se trouve en difficulté. Une fusion a lieu entre les deux entreprises. L'usine Ullmo, offre de vastes terrains, c'est ainsi que s'installe à la Saulaie d'Oullins la nouvelle entreprise "Les Tanneries Lyonnaises".

Le château de La Combe à Irigny

 

 

Goiffon2

La Première Guerre mondiale va confronter Antoine à cruelle réalité. Il va côtoyer l’horreur, la misère, la peur et l’humanité dans sa nudité.

A de Goiffon

De retour à la vie civile, sa mère attire son attention sur les conditions de vie très difficile des femmes de ses ouvriers, des veuves de guerre, des enfants orphelins et l’engage à faire quelque chose.

Antoine achète le château de La Combe en 1920. À la Saulaie, les Tanneries Lyonnaises sont situées sur un terrain inondable. Les jours de crue, il n'est pas rare de voir Antoine sur sa bicyclette se rendre à Pierre-Bénite pour ensuite rejoindre en barque son usine. Il est aimé et respecté de ses ouvriers qui selon l’habitude de l’époque, sans fausse affectation se découvrent sur son passage.
Il s'engage au service de la santé des enfants au sein du " Comité Commun pour l"Hygiène de l'Enfance". Cet organisme voit le jour en 1921, à l'initiative de l'AICA : Association Industrielle, Commerciale et Agricole. Aymé Bernard en est un acteur important. Au sein du mouvement patronal de Lyon, où il côtoie tous les grands noms connus de l’industrie lyonnaise dont Aymé Bernard. Entre les deux hommes va commencer une collaboration de plusieurs dizaines d'années. En témoigne cette dédicace de 1953 :

  

Goiffon3

 

"Au Président Goiffon, en souvenir de trente années de cordiale collaboration"

Aymé Bernard – L'Entreprise et ses Hommes – Ed.Berger-Levrault- 1953

 

De jeunes médecins, qui deviendront de grands noms de la médecine Lyonnaise adhèrent à l'aventure du Comité Commun pour l'hygiène de l'Enfance, citons entre autres la jeune neuropsychiatre infantile Claude Kohler. Cet organisme est devenu aujourd'hui, ce que nous connaissons sous le nom d'ADAPEI.

Antoine Goiffon s'implique dans ce qui s'appelle alors "Caisse de Compensation". On en compte 5 à 6 au début des années 20. Elles deviendront "Les Allocations Familiales". La loi du 11 mars 1932 les rendra obligatoire. Antoine de Goiffon assumera la Présidence du Comité Central des Caisses d'Allocations Familiales pendant plusieurs mandats.
Les Tannerie Lyonnaises seront prospères jusqu'à la crise de 1930/35. La guerre en 1939 ne facilite pas les choses. À la fin des années 40 l'entreprise essaie de survivre, mais en 1952, une liquidation de fait à lieu
En 1942, à l'occasion de l'inauguration du Centre Sérothérapique, recevant Serge Huard, alors secrétaire d'État à la santé Publique, il déroule le bilan de 20 ans de fonctionnement du Comité Commun pour l'Hygiène de l'Enfance :

"….Création de :
  • 14 maisons sociales dans l'agglomération lyonnaise.
  • 1 maison d'accueil pour les enfants isolés ; effort symbolisé par :

-65.000 examens médicaux de nourrissons.

-400.000 examens médicaux d'enfants âgés de 2 à 14 ans.

-650.000 examens et soins spéciaux

-625.000 visites d'assistance et visiteuses de la Fondation Franco-Américaine.

-1.900.000 journées d'hospitalisation et la réception au seul Préventorium Hélio-Marin de Sylvabelle du 10.000 ème enfant pris en surveillance par le Comité Commun pour l'Hygiène de l'Enfance."


Il précise "…en nous honorant de n'avoir jamais demandé la moindre subvention aux Pouvoirs Publics, ni aux familles bénéficiaires, …"

Goiffon4Le XVIème congrès des Allocations Familiales en 1936, à Strasbourg, Antoine Goiffon est au premier plan au centre de la photo. 

 

Le terme de paternaliste que l'on s'accorde aujourd'hui à appliquer aux patrons de la première moitié du XX° siècle, semble dépassé concernant l'engagement d'Antoine de Goiffon. Il n'a pas limité son action aux frontières de son entreprise. Il a largement dépassé cette notion restrictive en s'engageant pour le développement du progrès social dans son Pays.