Croix des chemins et croix des rues

croix Irigny

Les croix de chemins jalonnent la campagne française depuis des temps très anciens. Destinées à attirer la protection divine sur les terres de culture, elles servaient aussi de station pour les processions et de repère au long des itinéraires.

Monuments fragiles et vulnérables elles ont été souvent détruites pendant les époques troublées, les invasions, les guerres de religion, la Révolution.

Bien peu de croix anciennes ont subsisté jusqu'à nous. La plupart de celles que nous voyons à nos carrefours datent du XIXe siècle, remplaçant souvent des croix plus anciennes dont le souvenir a disparu. Les archives ne sont pas intéressées à des monuments aussi communs.

Il reste neuf croix sur la commune d'Irigny.

K 0 - 1 La Croix Jaune.

Nous ne savons pas l'origine de ce nom, ni à quelle date une croix a été édifiée à ce carrefour. La croix actuelle porte la date de 1811. Une délibération du conseil municipal de 1840 indique que cette croix, placée au centre du carrefour, gêne la circulation et qu'il est nécessaire de la déplacer. Il semble que la colonne et la croix aient été posés sur un soubassement plus ancien, peut-être du XVIIe siècle, qui pourrait être le pilori d'Irigny.

Jusqu'à la cessation des processions (1950 env.) elle était le reposoir le plus important du village pour la procession de la Fête-Dieu.

K 0,450 - 2 La Croix des Rameaux.

A été érigée en 1856 par les soins de la fabrique, en remplacement de celle qui se trouvait sur la cadette de l'église. On s'y rendait en procession le jour de la fête des Rameaux. Pour la Fête-Dieu, les familles habitants le Flachat y installaient un important reposoir.

Lors de l'élargissement des rues et du réaménagement de ce carrefour vers 1980 la croix a été déplacée. Elle se trouvait à l'angle diagonalement opposé.

K 0,800 - 3 La Croix du Marjolet.

C'est une croix de mission du XIXe siècle. On s'y arrêtait au cours des processions des rogations, avant d'aller à la croix de Fabricius. Un acte de 1634 mentionne au même emplacement une croix avec une place publique devant.

Cette croix est faite d'éléments très disparates; le socle en pierre jaune, la table en granit, le fût en calcaire et une partie supérieure plus ancienne. On se plait à penser qu'il y a réemploi d'éléments de plusieurs croix antérieures.

K 2,100 - 4 La Croix de Fabricius ou Croix du Lac.

Elle se situait jusqu'en 1975 environs au centre du carrefour. Le pied de la croix était beaucoup plus haut, ainsi que le fût. Le monument a beaucoup perdu de sa taille originale. Le soubassement est intéressant, il est en calcaire blanc, quatre bornes chasses roues placés aux angles le protègent. Le panneau de face prévu pour recevoir un motif sculpté n'a jamais été terminé, il est resté brut de carrière.

Selon une légende, le général Fabricius de l'armée autrichienne en occupation en 1816 aurait été enterré au pied de cette croix. Lorsqu'elle a été déplacée on n'a trouvé aucune trace de sépulture.

Nous n'avons à son sujet aucune indication de date.

K 3,400 - 5 La Croix de Saint Marc.

Placée au centre du hameau de Haute-Combe semble contemporaine de la Croix Jaune. On sait qu'elle remplace une autre croix signalée au XVIIe siècle. La colonne supportant la croix en fer forgé a une forme phallique rappelant des cultes très anciens.

K 4,500 - 6 La Croix des Selettes.

Elle est mentionnée dès le début du XVIe siècle et passe pour être une des plus anciennes du département, c'est aussi une des plus belles. Très bien conservée, elle est Monument Historique.. Jusqu'en 1664, elle était le but des processions de Pâques, de l'Ascension, et de la fête du Très Saint Sacrement. A partir de cette date les processions s'arrêtèrent dans la chapelle qu'Antoine Durand a fait construire au bas du chemin de Selettes (la côte Carmagnac). Le ruisseau de Venière qu'il fallait passer à gué paru dès cette date trop incommode à franchir.

K 5,450 - 7 La Croix Paradis.

Sur le terrier de la rente de Privas en 1764 une croix est mentionnée au carrefour de la grande rue et de la rue de la Fondarmée. Le terrain sur lequel elle est édifiée est déjà appelé "clos paradis", il appartient à M. de Varissan, c'est-à-dire aux Croppet seigneurs d'Irigny. Elle doit son nom à l'inscription placée sur son socle :

"LA CROIX CONDUIT AU PARADIS"

Sur les photos anciennes on voit qu'elle a été remaniée et réparée de façon maladroite.

Sur une petite partie du terrain étaient installés les jeux de boules du café Comte, ils existent toujours. Une autre partie était constituée de jardins familiaux.

Lors de l'ouverture de l'avenue Jean Gotail, la municipalité à conservé ce monument et l'a fait reconstruire à son emplacement actuel.

K 5,500 - 8 La Croix bouillon ou de "La Grande Charrrière".

Est une croix en fonte moulée du début du XIXe siècle, encastrée dans la façade de l'immeuble sur lequel bute la rue Delbourg. Cet immeuble appartenait à Barthélémy Bouillon qui l'avait acheté en 1827 à Pierre Guillot.

Elle remplace une croix supprimée pendant la révolution, adossée au mur en bordure de rue. La démolition de ses restes fait l'objet d'une délibération du Conseil Municipal le 19 septembre 1802 " les pierres seront utilisées pour réparer les murs de la terrasse de l'église, de la place, du cimetière et de l'escalier de la petite porte, et s'il en reste elles seront vendues au plus offrant" C'est une vrai carrière. Un tel volume de pierre évoque une autre croix, la Croix Maille, qui n'a pas pu être localisée avec certitude. En 1679 la veuve de Jacques Simonet et son fils Bernardin, paroissiens d'Irigny s'engagent à fournir les pierres de taille nécessaires à la réfection de la voûte et de la tour de la croix Maillet d'Irigny.

K 6,200 – 9 La Croix générale du Cimetière de Taillepied.

Le cimetière de Taillepied remplace celui qui entourait l'église. Il est béni par l'abbé Perrin le 1er août 1846. La croix monumentale est érigée au centre du carrefour des quatre allées principales.

Les Irignois se rendaient chaque année auprès de deux autres croix. L'une est située en limite des communes de Saint Genis-Laval et d'Irigny, l'autre a disparu. 

La Croix de Jérusalem.

Le mardi de Pâques, les habitants de saint Genis, d'Irigny et d'Oullins se rassemblaient sur une place située aux sources de la Mouche, appelée "place de Jérusalem" où se trouvaient une croix et une chaire en pierre. Un Recollet y prêchait ce jour-là.

La fête commençait après le sermon "les habitants s'enivraient du vin qu'on y conduisait par chariots". Ils s'y livraient à de tels excès que monseigneur de saint georges, archevêque de Lyon au XVIIIe siècle, la fit supprimer "au grand regret des paysans".

La Croix de Nève.

Située au carrefour du chemin allant de St. Genis à Vourles et de celui allant de Brignais à Irigny elle se trouvait sur le passage des grandes processions inter paroissiales. Les gens de Vourles et de Brignais se rendaient le jour de la Saint André (fin novembre) à Irigny. Les gens d'Irigny allaient à Brignais le jour de la St. Clerc, le lundi de Pentecôte ceux de St.Genis allaient à Charly, enfin le jour "du grand lundi", fête de St. Longin, les paroissiens de Charly et de Vernaison allaient à la chapelle de Beaunant

En 1547 Claude Berthier, bourgeois de Lyon, propriétaire du domaine du Coing par son testament "veult et ordonne estre fait une croix de pierre, belle et honorable, au lieu-dit la Font de Nève, sur le chemin tendant de Charly à St. Genis de la Vallée" avec fondation de messes et distributions de sel et aumoses de pain.

Ses héritiers ou ses successeurs dans le domaine, devaient distribuer à ceux de la dite procession de St.Genis, à la discrétion du Luminier et du Consul, 1 bichet de blé froment (34.27 litres) et deux setiers de sel (le setier lyonnais de sel = 208.16 litres) et la moitié de ces quantités pour les autres processions. Le prêtre conduisant la procession percevait un honoraire de 5 sols tournois.

Ces fondations étaient mal supportées par ceux qui devaient en assurer les frais, ils cherchaient à s'en libérer au mieux. En général on substituait à la fourniture en nature une somme d'argent payée annuellement. Abraham Desclez devenu propriétaire du domaine du Coing, passe en 1607 un accord avec les consuls, manants et habitants d'Irigny leur reconnaissant une pension au capital de 80 livres, dont il servirait annuellement un intérêt de 5% soit 4 livres. Compte-tenu de l'érosion de la monnaie c'était une solution avantageuse. Il semble que cette pension ait été régulièrement payée jusqu'à la Révolution.

Avec la révolution, ces grandes processions de village à village ont disparues.

 

croix Irigny

 

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